Animateur : Bernard Anton
Disponible sur demande
Présenté au théâtre du Marais, 2 octobre 2005
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Déroulement de l’atelier :
une heure de théorie suivie d’une heure de pratique.
Théorie
1- Brève présentation du milieu ambiant dans lequel le haïku s’est épanoui, la philosophie zen :
- L’humain n’est jamais séparé du naturel.
- La vie de l’homme est solidaire de la vie universelle.
- Trouver la vérité par soi-même à l’occasion d’un incident quelconque apparemment insignifiant (l’école subitiste).
- Principe d’unité entre le ciel, la terre et l’humain.
- La spontanéité plus que le raisonnement.
- L’expérience, la compassion, la bonté.
- Être soi-même, sans aucun artifice, vivre sans préjugé, simplement, en harmonie, en paix.
- Trouver l’illumination dans l’anodin.
- Se défaire de ce qui est en trop.
- Être conscient de ce que nous faisons, de ce qui nous entoure, de ce qui nous arrive.
2- Art poétique du haïku :
- Tercet (idéalement mais pas nécessairement 5+7+5 syllabes).
- Décrire l’instant présent découvert soudain dans sa beauté étonnante, inattendue, à la fois permanente et éphémère.
- C’est un poème-photo, poème-carte postale, minimaliste, dépouillé, réduit à l’essentiel, pittoresque.
- C’est d’une grande simplicité, pas de double ou triple sens.
- C’est un poème sur la nature, sur les saisons (mais aussi sur un thème urbain, quotidien…).
- Ce n’est pas un poème intellectuel ni spirituel ni abstrait, mais plein d’émotions fraîches (ah ! oh ! hop ! plouf ! soudain !…).
- C’est léger, visuel, concret, bref, précis, suggestif, drôle, délicat, raffiné.
- Le haïku doit idéalement comporter un kigo (mot en référence à une saison).
- Parallélisme, juxtaposition sémantique et syntaxique.
- Chaque mot doit être fort, connoter, faire allusion (blanc = pureté…).
- C’est un poème réaliste qui décrit l’ici et le maintenant avec le moins de mots.
- Ça fait appel aux cinq sens : voir, toucher, goûter, sentir, écouter.
- Quelques coups de pinceaux seulement, pas de détails.
- Présenter les choses comme elles sont.
- Il faut que le ton soit naturel, fuir l’artificiel.
- Laisser toute la place à l’intuition, observer la nature.
- S’effacer devant l’objet décrit, ne pas trop s’impliquer.
- Laisser le silence entourer les mots.
- C’est une saisie d’une réalité évidente à laquelle on ne pensait pas.
- C’est une prise de conscience exceptionnelle d’un fait (qui frôle l’illumination !).
3- Choix de haïkus célèbres pour illustrer ces propos et vous inspirer :
Premier printemps —
la pluie perle
sur les branches encore nues
Takahama Kyoshi (1874-1959) |
Je quitte le temple zen —
j’entre
dans la nuit étoilée
Masaoka Shiki (1867-1902) |
Au pied de la montagne
sous un soleil bienveillant
une rangée de tombes
Taneda Santôka (1882-1940) |
Aux admirateurs de lune
les nuages parfois
offrent une pause
Matsuo Bashô (1644-1694) |
De la narine du grand Bouddha
jaillit
une hirondelle
Kobayashi Issa (1763-1827) |
Au fond de la brume
le bruit de l’eau —
je pars à sa rencontre
Ozaki Hôsai (1885-1926) |
Un seul bruit
au clair de lune —
la chute des camélias blancs
Takakuwa Rankô (1726-1798) |
Déjà je l’imagine
tombant sur mon cadavre —
la neige
Takahama Kyoshi (1874-1959) |
Des îles
des pins sur les îles
et le bruit frais du vent
Masaoka Shiki (1867-1902) |
Neige qui tombais sur nous deux —
es-tu la même
cette année —
Matsuo Bashô (1644-1694) |
Ils me transpercent encore
les yeux que le serpent
a laissés dans l’herbe !
Takahama Kyoshi (1874-1959) |
Sans savoir pourquoi
j’aime ce monde
où nous venons pour mourir
Natsume Sôseki (1865-1915) |
Ce matin c’est l’automne —
à dire ces mots
je me sens vieillir
Kobayashi Issa (1763-1827) |
Assise sur une balançoire
victime de la Bombe
la petite fille morte
Takashima Shigeru (1920-1999) |
Pratique
4- Production écrite :
(Écrivez ici deux haïkus en vous inspirant de la nature, de ce qui vous entoure, etc.)
5- Partage, lecture commune.
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